25 Novembre 2021
A quelques semaines des fêtes de noël et des soldes d’hivers, le Ministère de l’Économie français demande au service de la répression des fraudes d’exiger le déréférencement du site et application Wish de tous les moteurs de recherche et des magasins d’applications mobiles en France. Une mesure sans précédent, pour une plateforme de e-commerce et dont le but est de sanctionner la vente de produits non conformes et dangereux. En effet, sur les 140 articles analysés par le service des fraudes, beaucoup été non conformes. 90% des appareils électriques, 62% des bijoux fantaisie et 45% des jouets ont même été jugés comme "dangereux".
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a déclaré sur franceinfo que "le numérique n'est pas au-dessus des lois". Il précise que "tout le monde ne peut pas faire ce qu'il veut", et c’est aussi valable pour les géants du numérique "qui ont pignon sur rue" comme Wish. En effet, la plateforme américaine qui vend principalement des produits chinois va probablement disparaitre des moteurs de recherche, dans les prochaines semaines.
Un coup dure pour cette boutique de e-commerce qui revendique "100 millions d'utilisateurs actifs, plus d'un million de marchands et environ 200 millions d'articles répertoriés". Créée en 2010, Wish propose donc des articles personnalisés de toutes sortes pour chacun de ses clients. Elle enregistre plus de 1,5 millions de commandes par jours ; ce qui lui a valu une belle entrée en bourse l’année dernière.
Mais pourquoi une telle sanction ? Cela fait déjà un an que la plateforme est sous surveillance par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Une première enquête a conclu que Wish proposait des réductions de prix "trompeuses" et qu’elle mettait en vente des produits non disponibles sur son site dans le seule but d’attirer des clients. Une seconde enquête, plus récente, à elle, conclu que le site de e-commerce vendait certains produits non conformes et dangereux.
Apres avoir notifié cela à Wish, les autorités ont remarqué que les produits en question avait bien été retirés de la plateforme mais qu’ils revenaient souvent sous d’autres noms. La plateforme a encore une fois été sommée de mettre sa marchandise en conformité sans "réponse satisfaisante", d’où la décision, le 24 Novembre dernier, de demander son déréférencement des principaux moteurs de recherche comme Google mais aussi des magasins d’applications mobiles disponibles en France. L’accès au site sera, toutefois, possible en tapant directement son adresse sur le navigateur.
Mais quelles sont réellement les conséquences de cette sanction pour Wish ? En étant déréférencée, la plateforme ne pourra plus être trouvée lors d’une recherche. En effet, désormais, en tapant le mot "Wish" sur votre moteur de recherche ou votre boutique d’applications, vous aurez peut-être des résultats mais aucun ne vous mènera au site de e-commerce ou à l’Appli que vous cherchez. L’objectif selon Bercy est de "… réduit considérablement le risque qu'un consommateur tombe par hasard sur des offres de produits dangereux sur son site".
Le ministère de l’Economie parle d’une levée de la sanction dès la mise en conformité avec la loi des produits vendus par Wish. Elle menace, toutefois la plateforme d’une " interdiction sur le territoire français" si aucune n’action corrective n’est entreprise par la plateforme. De son côté, la firme américaine réagit et se défend en déclarant, il y a quelques jours, qu'elle "se conformait toujours aux demandes de retrait de la DGCCRF". Elle affirme même avoir "essayé à plusieurs reprises d'engager le dialogue" pour résoudre le problème et qu’elle entamait un recours juridique contre cette action qu’elle qualifie d’"illégale et disproportionnée".